La culture, enjeu du 21ème  siècle ? (1)

 

 

        C'est un dignitaire nazi (2) qui   proclamait que quand il entendait parler de culture, il sortait son revolver. La culture serait-elle une menace ? La culture est certainement ce qui permet de construire un monde autrement que sur la terreur, bref de l'humaniser, de le personnaliser. C'est ce point essentiel que nous allons développer.

Cet enjeu pour être réalisable doit très certainement représenter  une exigence collective.

En effet, on peut  pressentir que la culture comme objectif individuel conduit à une impasse. C'est le cas dans une société bourgeoise repliée sur elle-même et fermée à la misère du peuple comme l'était, par exemple,  le milieu de l'écrivain russe Anton Tchekhov (3) à la fin du 19ème, ce qui lui fait dire que  "plus on est cultivé, plus on est malheureux". Il n'est pas étonnant  que ce spleen (4) culturel ait été débordé, submergé par l'utopie meurtrière du communisme.

A première vue, la culture ne semble pas avoir été la bienvenue auprès des 3 grands acteurs du vingtième siècle à savoir la société bourgeoise, le communisme et le fascisme.

Après les surréalistes, on peut se reposer la question du rôle de la culture. La  culture est-elle un enjeu dérisoire dans une société techno scientifique qui a vu se produire Auschwitz ? Il n'y a plus aucune poésie possible après Auschwitz, a pu dire Théodor Adorno.

 

 

Une définition de la culture ?

 

 

            En première approximation, on peut dire que la culture est un ensemble de savoirs, de savoir-être et d'objets. La culture peut être un livre, une recette de cuisine, un vêtement, une attitude…Dans la  pratique,  la culture peut amener un développement excessif soit de la sensibilité soit de la maîtrise intellectuelle.

            La sensibilité serait plutôt du côté du spectateur qui reçoit des informations culturelles. Une réceptivité excessive, une fascination peuvent  conduire à une paralyse, à un abandon de soi-même au profit d'une mode, d'un courant artistique, d'un académisme. Il est à remarquer que cet embrigadement peut être ressenti de façon ambivalente et  provoquée un déchirement intérieur chez l'individu. C'est souvent le cas des grands artistes, qui par leur sensibilité sont des écorchés vifs (5) mais qui tentent un dépassement de cette situation douloureuse par une pratique créatrice.

            La maîtrise, elle,  est plutôt du côté du connaisseur, de l'expert. L'intellectuel, l'expert peuvent  en venir à se servir de la culture comme outil de domination et comme source de revenu. Si c'est le cas, l'émotion s'atténue au profit de la seule manipulation, de la jonglerie ou du snobisme.

             Entre ces deux pôles, il y a la vie de tous les jours à vivre dans un temps où le passé, le présent et le futur s'entremêlent. Dans cette vie de tous les jours, nous sommes confrontés à des questions-limites : celle de la souffrance, de la solitude, du malentendu et de la mort, du pouvoir et de ses abus.

La vraie culture est celle qui rencontre ces questions-limites, qui conduit à une production,  à une réflexion  sur le sens de la vie (6). La culture est cet ensemble d'éléments qui donne un contexte général dont nous sommes des héritiers et dans lequel nous pouvons puiser des éléments pour nous construire.

 

 

Culture et sens de l'existence ?

 

 

             Peut-être que la vie n'a pas de finalité propre, qu'elle est synonyme de vide, d'absence, le but de culture est de "remplir" ce vide (7) ou au mieux de l'habiller, de l'embellir  pour le rendre supportable, bref de rendre le monde habitable.

Le but ultime des individus comme des sociétés serait la création d'une œuvre d'art unique, mieux d'un style personnel.

             Le mot "personnel" provient du latin persona  qui veut dire masque. La personnalité est cette synthèse nouvelle et élaborée à partir d'éléments puisés un peu partout, création qui permet à un individu ou à une société d'habiller les questions-limites, de dire qu'en définitive, la vie vaut la peine d'être vécue, d'être reproduite…Probablement que le plus grand plaisir humain est de construire sa vie comme une œuvre d'art, et ceci, malgré et avec Auschwitz, Hiroshima et les urgences humanitaires du temps présent.

             Plus une culture est dense, plus elle offre une épaisseur, plusieurs couches dans l'abord de la réalité, épaisseur qui  permet à l'individu précisément d'entrer dans la réalité, d'y prendre pied, tout  en  présentant la fragilité de toutes les constructions humaines.

Une culture qui ne dirait que le vide, le manque, montrerait la vie comme un jeu sans objet et empêcherait l'apparition, la création de nouvelles réponses, et à la limite,  d'autres personnes.




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